Manger gratuit ?

Effet Covid-19, les politiques alimentaires se renforcent partout dans le monde. Et pas seulement dans les pays pauvres. Aux États-Unis, 1 Américain sur 4 est concerné par un des programmes du « Food and Nutrition Service » ; dont le programme de bons alimentaires. Trois quarts du budget annuel de l’USDA – le ministère américain de l’agriculture – sont destinés à l’aide alimentaire. 100 milliards de dollars en moyenne par an : c’est considérable pour un pays qui se prévaut être le plus riche de la planète.

Grâce à sa politique agricole commune, l’Europe a globalement épargné à sa population d’avoir recours à l’aide alimentaire pendant près de 60 ans. Ou, du moins, a donné l’illusion à chacun qu’il avait accès à une alimentation pas chère en déguisant les prix : aides Pac aux agriculteurs, accommodement de la puissance publique avec les pratiques de la grande distribution, dumping attisé par l’ouverture des frontières, etc. Les récents messages d’alerte des associations caritatives montrent que cela ne suffit plus. La pandémie marque un point de rupture dans cet imaginaire alimentaire. La FNSEA s’est déclarée favorable à l’attribution de « bons alimentaires » aux plus défavorisés. Y voyant d’abord un moyen de couper court aux baisses de prix réclamées par la grande distribution.

L’annonce, par le président de la République, du repas à 1 € pour les étudiants est assurément une bonne décision. Cet euro symbolique renforce aussi l’idée que, comme pour l’eau potable, l’accès à une nourriture suffisante est un droit fondamental de l’homme. Et donc gratuite ? Le débat est indirectement posé. Il insinuerait dans ce cas de revoir les bases de la rémunération de l’agriculteur ; voire de créer deux circuits commerciaux disjoints… comme aux États-Unis.


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